Lors de la planification d’une exploitation en système plein-air intégral, il convient de prendre en compte différents facteurs : les caractéristiques de l’environnement physique, les facteurs logistiques et le facteur main d’œuvre.
Les caractéristiques de l'environnement physique
Le type de sol
Un choix soigneux des parcelles est un aspect fondamental pour la productivité et le bien-être des animaux. Parmi les caractéristiques du sol, la texture (liée à la capacité de drainage) est l’élément le plus important pour choisir l’emplacement d’un parc plein-air. Pour connaître la texture, il faut effectuer une analyse granulométrique. Les sols doivent être légers ou moyennement lourds et bien drainés. L’exploitation ne doit pas être installée sur les sols lourds et humides des zones pluvieuses. Les sols sableux peu profonds (de 20-30 cm) sur ardoises, schistes ou granits sont préférables. Sur des sols rocheux et rocailleux, les truies peuvent souffrir de lésions et de problèmes d’aplombs.
Le climat
L’exploitation doit se situer idéalement dans une zone caractérisée par moins de 800 mm de précipitation annuelle. En effet, plus le niveau de précipitation est élevé, plus le sol doit être léger et drainé pour pouvoir évacuer l’humidité. Quant aux températures, le froid est préférable à la chaleur ! Néanmoins, les zones idéales sont celles où les hivers sont doux ou tempérés. Les zones à forte humidité relative ne sont pas appropriées.
La topographie
Il est important que l’exploitation soit éloignée des zones de captage d’eau, des lagunes et des ruisseaux. Les pentes du terrain recommandées sont de 0-10% pour la gestation et le renouvellement, de 0-5% pour la verraterie et de 0-3% pour la maternité.
La logistique
Plusieurs facteurs logistiques sont à prendre en compte pour concevoir une exploitation en système plein-air intégral :
- La disponibilité en eau. Il faudra alimenter les circuits d’abreuvement pour les truies mais également pouvoir créer de la brumisation ou remplir les bauges des truies en période estivale.
- La disponibilité en électricité. Il faudra alimenter en courant électrique la clôture périmétrique des parcelles, mais également les clôtures qui délimitent les différents parcs à l’intérieur de la parcelle.
- L’accès et la distance aux routes. D’une manière générale, la proximité des parcelles par rapport au siège d’exploitation est un atout important pour favoriser la surveillance des animaux et limiter les temps de déplacement des engins, des hommes et des animaux.
- La nature du parcellaire. Un parcellaire regroupé permettra de réaliser une seule clôture périmétrique grillagée conforme à la réglementation sur la biosécurité des élevages. Il facilitera également l’intégration des parcours plein-air dans la rotation des cultures de l’exploitation.
Les facteurs main d'oeuvre
Le temps de travail
Il n’est pas facile de définir les besoins en main-d’œuvre dans une exploitation en plein-air car le système n’est pas aussi normalisé que la production en bâtiment. Ainsi, l’organisation, les équipements et la conduite de chaque éleveur peuvent varier énormément. Enfin, le comportement des animaux et la relation de confiance entre l’éleveur et ses truies influencent également très fortement le temps de travail.
En cas de pluie ou d’inondation, les besoins en main-d’œuvre augmentent parce que les litières devront être changées plus fréquemment. Par temps froid, et notamment en cas de fortes gelées, il sera parfois nécessaire de distribuer de l’eau aux animaux si les circuits d’eau ne dégèlent pas dans la journée. En cas de forte chaleur, il peut aussi être nécessaire d’arroser pour former des bauges. En résumé, la durée quotidienne de travail est beaucoup plus variable dans un élevage en plein-air que dans un élevage en bâtiment, avec notamment un impact de la saison. C’est pourquoi l’organisation et la planification y jouent un rôle essentiel.
Les conditions de travail en élevage porcin bio
Les conditions de travail peuvent être grandement améliorées par l’aménagement de la parcelle et l’utilisation d’équipements adaptés. La production en plein-air exige des aptitudes différentes de celles nécessaires à la production en bâtiments. En effet, les truies en liberté fuient et courent à l’intérieur de leurs parcs (la contention est possible via des réfectoires mais plus difficile), il n’y a aucun contrôle sur les conditions environnementales de l’exploitation (régulation thermique impossible contrairement au bâtiment) et il faut être disposé à travailler sous des conditions météorologiques extrêmes (chaleur, froid, vent ou précipitations). Il est donc très important que l’éleveur accepte et sache travailler dans ces conditions. Cette remarque vaut également pour la main d’œuvre salariée qui peut être attirée par l’élevage en plein-air car il bénéficie d’une bonne image auprès du grand public, mais qui n’a pas toujours conscience des conditions de travail afférentes et donc des compétences nécessaires.